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Cet article adopte une approche interprétative pour étudier la manière dont les décideurs politiques locaux dépeignent et justifient leurs propres visions des initiatives de gouvernance numérique au niveau communal. Notre enquête se concentre sur les projets de villes intelligentes soumis par diverses communes belges dans le cadre de l'appel à projets " Territoire intelligent " lancé en 2019 par le Gouvernement wallon. Nous utilisons la théorie des ordres de valeur de Boltanski et Thévenot et combinons une analyse de contenu quantitative et qualitative pour catégoriser les différentes justifications élaborées par les gouvernements municipaux. Les résultats empiriques soulignent la nature polysémique du concept de ville intelligente et mettent en évidence la diversité des opportunités offertes par les politiques de ville intelligente selon les décideurs locaux. Dans l'ensemble, notre étude contribue à la compréhension de la variété des interprétations qui sous-tendent la construction des initiatives de gouvernance numérique. Elle soutient donc l'argument selon lequel il n'existe pas d'approche unique des politiques de villes intelligentes, car les décideurs politiques locaux peuvent leur attribuer des significations différentes et formuler des solutions TIC adaptées à ce qu'ils perçoivent comme les problèmes les plus urgents de leur territoire.

 

Les mégaprojets sont plus importants que jamais. En réponse à la pandémie, l'Union européenne a présenté la politique européenne "Next Generation", qui prévoit un budget à long terme 2021-2027 de 1,8 milliard d'euros pour financer des projets ayant des applications écologiques et numériques dans le domaine des infrastructures de télécommunications, de transport et d'énergie. De même, aux États-Unis, un plan de relance post Covid de 1,9 trillion de dollars est en cours. En outre, la Chine a prévu d'accélérer le déploiement de 102 mégaprojets d'infrastructure prévus dans le plan de développement 2021-25. Malgré leur importance pour les décideurs politiques, les mégaprojets font souvent l'objet de critiques et d'oppositions de la part des citoyens, et il n'est pas rare qu'ils dérapent, que ce soit en termes de budget ou de délais, voire les deux. Cet article introductif présente l'objectif et la portée du dossier thématique. Il positionne les problèmes au-delà des questions techniques et les relie à l'environnement social et institutionnel dans lequel les mégaprojets sont planifiés et mis en œuvre. En outre, l'article plaide en faveur d'une conceptualisation des mégaprojets en tant que champs d'action difficiles. Ce faisant, nous précisons les trois éléments qui définissent les mégaprojets, à savoir la complexité, l'incertitude et le conflit. L'article affirme que le développement des mégaprojets ne peut être considéré comme un processus rationnel et simple. Il s'agit souvent d'un processus non linéaire et conflictuel façonné par l'action collective de différents groupes de parties prenantes (par exemple, les gestionnaires de projets, les décideurs politiques et les citoyens). Poussés par des intérêts divergents, des imaginaires sociotechniques, ainsi que des logiques comportementales et discursives, les groupes d'acteurs construisent et mobilisent des récits pour influencer la prise de décision finale tout en interagissant avec le contexte institutionnel.