Blog - Recherche

Économie circulaire : où en sont les communes belges ?

Les 6 observations clés de notre enquête



Ce 16 mai 2023, Benoit Ruysschaert, chercheur doctorant au Smart City Institute et au Centre for Environmental Science de l’UHasselt, dévoilait les premiers enseignements d’une enquête menée auprès des communes belges dans le cadre de ses recherches dédiées à l’économie circulaire. L'objectif : comprendre de quelle manière et dans quelle mesure l'économie circulaire est adoptée au niveau de nos villes et communes. Cet article vous propose un résumé des premiers résultats dévoilés dans le cadre du Smart Inspiration Day 2023

Blog - enquête Benoit Russschaert circularite - Image large

A propos de l’enquête

Première belge, cette enquête a été menée fin 2022 auprès des 581 communes belges et enregistre un taux de réponse élevé, puisqu'elle a récolté les réponses de plus de la moitié des communes de notre pays (taux de réponse de 54 %). Ce qui permet d’obtenir des résultats représentatifs au niveau des régions, des provinces, mais aussi au niveau de la taille de nos communes.

Une mesure zéro pour dresser un premier état des lieux belge

Tout d’abord, d’où est partie cette idée de lancer une telle enquête ? Benoit Ruysschaert nous explique : « Quand j'ai commencé mes recherches il y a presque deux ans, nous ne pouvions que spéculer sur la mesure dans laquelle les collectivités locales belges travaillaient sur l'économie circulaire, car aucune étude sur le sujet n’était disponible. Afin d'étudier ce sujet, nous devions donc effectuer une sorte de mesure zéro pour voir où nous en étions, et ceci était le premier objectif de cette étude. 
 
A côté de cela, notre volonté grâce à cette étude est de pouvoir observer s’il existe différents types d’approches adoptés par les gouvernements locaux, et si ces différences peuvent être liées à la région d’implantation ou à la taille d'une commune, par exemple. Grâce à cette enquête, nous aurons donc une meilleure compréhension de la manière dont les gouvernements locaux travaillent sur l'économie circulaire et où nous en sommes aujourd'hui pour voir, à l'avenir, si nous faisons des progrès. »
Quels sont dès lors les enseignements qu’il fallait retenir ? Notre équipe a synthétisé pour vous, en 6 points, les principales observations dégagées lors du Smart Inspiration Day 2023.

L’économie circulaire aurait déjà convaincu près de 60% de nos communes

Pour être tout à fait exact, le taux de communes répondantes affirmant avoir adopté l’économie circulaire révélé par l’enquête était de 59%. Qu’en est-il si l’on se penche plus spécifiquement sur nos 3 régions ? Il semble que les communes bruxelloises soient particulièrement impliquées dans cette dynamique, puisqu’elles sont 83% à affirmer s’être lancées dans l’économie circulaire (contre 55% pour la Flandre, et 62% pour la Wallonie). A noter enfin que l’on constate, à travers l’étude, que plus une ville est grande (c’est-à-dire en termes de nombre d’habitants ou de superficie), plus il y a de chance qu’elle ait adopté l’économie circulaire dans ses politiques publiques.
 

Un niveau de maturité toutefois encore relativement faible

Mais de quelle manière nos communes s’engagent-elles dans l’économie circulaire à l’heure actuelle ? Notre étude révèle que c’est essentiellement par le biais d’un ou plusieurs projets (réalisé, en cours, ou planifié) uniquement que l’économie circulaire est formalisée (un peu plus de 30%), et qu’il existe encore très peu de stratégies spécifiquement dédiées à la thématique (à peine 2% des communes ayant indiqué avoir adopté l’économie circulaire). 
 
Lorsque les projets sont associés à un plan spécifique, il s’agit le plus généralement du plan climat (Flandre et Bruxelles) ou du Plan Stratégique Transversal (Wallonie).
 
« On note que 37% des répondants ont indiqué 1 seul type de formalisation (dans la majeure partie des cas, un ou plusieurs projets) mais aussi que 30% des répondants ont indiqué 2 types de formalisation maximum, par exemple : un ou plusieurs projets + leur intégration dans le PST ou le Plan Climat. Ce qui suggère donc que près de 7 communes sur 10 en sont encore à un stade relativement peu avancé dans l’établissement de leurs démarches d’économie circulaire. » souligne Benoit Ruysschaert.
 
A noter enfin que ce niveau de maturité reste sensiblement pareil lorsque l’on s’attarde sur les régions/la nature des communes, avec toutefois une légère hausse pour les communes urbaines et les communes bruxelloises.
 
Blog - enquête Benoit Russschaert circularite - Bloc accueil - V2
 

4 grands moteurs poussent les communes à se lancer dans l’économie circulaire

A travers cette enquête, nous avons également demandé à nos communes quelles étaient leurs principales motivations à se lancer dans l’économie circulaire. Voici les 4 principales raisons qui en sont ressorties, et qui démontrent clairement une volonté de de tendre vers plus de durabilité :
  1. Lutter contre le réchauffement climatique
  2. S’attaquer à d’autres problèmes environnementaux
  3. Améliorer la situation sociale de leur commune
  4. Améliorer l’image/ la réputation de leur commune
Les opportunités économiques et la pénurie de matériaux ont été quant à elles des raisons moins considérées, bien qu'elles soient l'objectif initial de l'économie circulaire.
 

Le manque de financements reste l’obstacle #1 au déploiement de l’économie circulaire au niveau local

Tout comme ce fut l’un des freins majeurs évoqués dans notre baromètre des Smart Cities en Wallonie (2021), le manque de financements a été pointé par les répondants comme étant l’obstacle majeur au développement de l’économie circulaire au sein de leur commune, suivi ensuite par le manque de connaissances et de sensibilisation. Des réponses qui traduisent donc, plus globalement, un manque de ressources au sein des communes. Le manque de réglementation ou politiques appropriées ou encore de soutien politique ont également été relevés (en 3e et 4e place).
 

L’électronique et les TIC, les batteries et véhicules et le textile comme chaînes de valeur moins prioritaires

Lorsqu’il est question d’économie circulaire, 7 chaines de valeur de produits sont généralement évoquées, touchant à des secteurs de production bien spécifiques : la construction, le textile, les batteries et véhicules, les plastiques, les emballages, la nourriture/l’eau et les nutriments, et enfin, l’électronique et les TIC. Dans notre enquête, nous avons cherché à savoir quels étaient les secteurs les plus ou moins prioritaires pour nos communes lorsqu’elles intègrent l’économie circulaire dans leurs politiques publiques.
 
L'alimentation, l'eau et les nutriments sont apparus comme la chaîne de valeur des produits la plus importante, liée à la bioéconomie, où l'économie circulaire connaît également un grand succès. Suivie ensuite de près par le secteur de la construction.
 
Chaines de valeurs EC - Article blog enquete SCI
 
On note en revanche que l’électronique et les TIC, les batteries et véhicules, et enfin le textile apparaissent comme les 3 chaines de valeur les moins importantes pour nos communes. Benoit Ruysschaert précise : « Bien que la production de textiles constitue une des grosses chaines de valeur au niveau mondial dû au très gros impact de l’industrie textile, il semble que ce ne soit pas un secteur si développé / stratégique dans notre pays.
 
Par ailleurs, le potentiel circulaire lié aux technologies, c’est-à-dire comment les technologies peuvent soutenir l’économie circulaire mais aussi comment le numérique peut-il devenir plus circulaire, semble être une question moins prioritaire pour nos communes. Toutefois, l’enquête a permis de dégager une approche qui tend à impliquer davantage la société civile en axant le déploiement de l’économie circulaire sur le numérique, et qui est constatée plutôt en Flandres et/ou dans les communes plus urbaines.»
 

Agir en montrant l’exemple pour stimuler l’économie circulaire

Enfin, une dernière question de notre enquête portait sur les instruments qui sont importants aux yeux de nos communes afin de stimuler le développement de l’économie circulaire sur leur territoire. Quels sont donc les incitants sur lesquels misent nos gouvernements locaux ? Les résultats mettent en évidence 3 principales actions :
  1. Montrer l’exemple
  2. Octroyer des financements
  3. Informer les parties prenantes
Ces résultats traduisent ainsi un signal très positif, à savoir que les gouvernements locaux belges sont conscients qu'ils doivent donner le bon exemple, pour gagner en crédibilité avant de convaincre d'autres parties prenantes de devenir circulaires, mais aussi qu’ils ont un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation de tous les acteurs concernés.
 
Vous avez trouvé ces résultats intéressants ? Bonne nouvelle : Les résultats de l’enquête seront affinés sous la forme d’un rapport, disponible prochainement.
 

Partagez cette news