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Rencontrez nos chercheurs : entretien avec Diego Galego



Pendant l’été 2021, nous vous parlions de la recherche au Smart City Institute au travers d’une série de capsules vidéo présentant nos chercheurs, leur parcours et leurs domaines de recherche. Depuis lors, notre équipe a évolué et nous avons notamment accueilli de nouveaux chercheurs. Parmi eux, Diego Galego, qui a rejoint notre équipe il y a quelques mois. Et si on vous le présentait ? 

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Au Smart City Institute, une attention toute particulière est portée aux échanges et relations entre les membres de l’équipe. La cohésion est en effet notre recette pour créer des ponts entre nos différentes activités et missions, mais aussi, plus largement, entre nos recherches. C’est pourquoi Cécile Caputo, responsable formation et coordinatrice administrative et financière de l’institut, s’est prêtée au jeu des questions-réponses avec Diego, pour vous permettre de faire connaissance avec lui.
Diego Galego - Photo medaillon
 
DIEGO GALEGO
  • Ta date d’arrivée au SCI ? octobre 2022
  • Ta fonction au SCI ? Chercheur postdoctorant 
  • Ton pays d’origine ? Je viens du Brésil
  • Un fun fact à ton sujet ? Jusqu’en 2017, j’étais choriste (ténor) dans la chorale Voz Nua à Aveiro (Portugal) 
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Diego, pour débuter, peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours ?

Certainement! Au début de ma carrière académique, j’ai obtenu un Bachelier en philosophie au Brésil avant de me lancer dans un Master en communication/multimédia entre le Portugal et l’Italie. C’est dans ce second cadre que j’ai par ailleurs découvert la littérature sur les Smart Cities puisque, durant cette période, je travaillais sur le sujet des Smart Campus*
 
Depuis mon expérience en tant qu’enseignant dans un lycée au Brésil, je suis convaincu que l’éducation est l’un des principaux leviers pour faire évoluer la société. C’est cette conviction qui m’a poussé à poursuivre ma carrière universitaire en préparant une thèse de doctorat en politique publique et sciences sociales. J’ai ainsi passé 4 années (trois en Belgique au KU Leuven Public Governance Institute et une au Portugal à l’Université d’Aveiro) à étudier la manière dont les mouvements sociaux influencent l’élaboration des politiques publiques. 
 
En octobre 2022, quelques mois après avoir défendu ma thèse de doctorat, je suis arrivé au Smart City Institute. Dans l’intervalle, j’ai aussi été assistant-chercheur à l’Université de Lisbonne au Centre d’Administration et de Politique publiques.
 
* Le Smart Campus est un concept dérivé des caractéristiques de la Smart City qui fait référence à l'intégration de la technologie dans un campus universitaire afin d'améliorer l'apprentissage des étudiants et l'expérience d'enseignement des professeurs. L'idée est de créer un meilleur environnement d'échange entre les étudiants et les professeurs grâce à des technologies telles que l'internet des objets, les plateformes d'apprentissage virtuel (salles de classe intelligentes), les applications mobiles fournissant des informations sur les horaires des cours, les plans du campus, les calendriers des événements, etc.

Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as décidé de t’intéresser spécifiquement au sujet de la Smart City ? 

Aujourd’hui, notre société est confrontée à toute une série d’enjeux et de défis socio-politiques sans précédents : changements climatiques, crises sanitaire et énergétique, raréfaction des ressources, approvisionnement alimentaire, etc. ; il est nécessaire et urgent d’y apporter des solutions. Dans ce contexte, les concepts de Smart City et de développement urbain durable – mots-clés que j’utilise dans le cadre de mes recherches – offrent des perspectives intéressantes pour faire de notre société une société plus durable avec l’implication de multiples acteurs. 

Et dans ce contexte, quel est ton projet de recherche au Smart City Institute ?

En tant que chercheur postdoctorant, mon objectif est de combiner toutes les connaissances que j’ai acquises dans différents domaines d’expertise tout au long de mon parcours pour étudier, sous différentes perspectives, un sujet spécifique. Mon intérêt principal porte sur le processus d’élaboration des politiques publiques et, plus particulièrement, sur l’impact des différents acteurs (essentiellement les mouvements sociaux et la société civile/les citoyens) sur ce processus
 
Concrètement, le processus d’élaboration des politiques publiques est communément divisé en 5 phases :
  1. La mise à l’ordre du jour d’un problème
  2. Sa formulation
  3. La prise de décision
  4. Son implémentation 
  5. Son évaluation

Concrètement, comment procèdes-tu pour mener à bien tes recherches ?

Au Smart City Institute, je mène une revue systématique de la littérature scientifique existante pour identifier à quelle(s) phase(s) du processus d’élaboration des politiques publiques les politiques de développement urbain durable sont allouées. En parallèle, j’identifie également les éléments qui freinent ou au contraire facilitent la progression du développement urbain durable à travers le prisme du processus d’élaboration des politiques publiques.

Quelle est l’implication de tes recherches dans d’autres domaines ?

Mes recherches sont intéressantes pour les décideurs politiques afin d’appréhender ce qu’il manque aux politiques publiques pour favoriser un développement urbain durable. En effet, mes recherches permettent d’identifier quelles stratégies ont déjà été déployées dans les différentes parties du monde pour créer un développement urbain durable. Elles identifient également l’importance de prendre en compte le contexte et les spécificités territoriales (ex. différences entre les pays dits du Nord et les pays dits du Sud). En bref, mes recherches contribuent à clarifier ces nuances dans la façon dont la politique publique internationale en matière de développement urbain durable est créée. 
 
Par ailleurs, l’analyse des politiques publiques est fondamentale dans beaucoup d’autres disciplines, comme l’urbanisme, la géographie, les mouvements sociaux, l’environnement, etc. ; des disciplines qui s’intéressent d’ailleurs généralement plus directement au développement urbain durable. En matière d’acteurs impliqués dans la réflexion, la société civile et les citoyens sont souvent manquants. En effet, la plupart du temps, les gouvernements créent des politiques publiques selon ce qu’ils pensent être approprié à leur territoire, sans pour autant consulter les citoyens quant à leurs besoins et perspectives. Il est pourtant nécessaire de s’intéresser à la manière d’impliquer et d’interagir avec ces parties prenantes et de réfléchir à la façon de les connecter aux politiques publiques et aux décideurs politiques. Partant de ces constats, mes recherches permettront d’identifier les barrières et les facilitateurs pour encourager la participation publique en créant un cadre de référence pour favoriser cette dernière.  

Qu’en est-il de tes collaborations avec d’autres chercheurs ? 

Pour le moment, je travaille étroitement avec plusieurs de mes collègues du Smart City Institute. Premièrement, avec le Pr.Nathalie Crutzen et le  Dr. Giovanni Esposito pour créer une base de données pour la recherche consistant en une revue de la littérature scientifique en utilisant les mots-clés « sustainable urban development » et d’en faire un premier papier sur base du cadre du cycle des politiques publiques.
 
La prochaine étape sera de développer un autre papier avec, notamment, le Dr. Jessica Clement au sujet des divergences et convergences qui peuvent exister entre les perspectives sur développement urbain durable « Nord » et « Sud » en analysant des cas spécifiques.
 
Finalement, j’ai bien entendu des discussions avec les autres chercheurs du Smart City Institute, notamment le Dr. Lama Alarda qui travaille également sur les perspectives des pays du Sud ou encore avec Benoit Ruysschaert, à propos du lien entre économie circulaire et Smart Cities dans un contexte de City Branding. 
 
Je collabore également avec d’autres universités et centres de recherche tels que le Center of public administration and policy (ULB), le Public Governance Institute (KU Leuven), le Leuven Urban Studies Institute (KU Leuven) ainsi qu’avec d’autres chercheurs et professeurs dans d’autres pays (Ukraine, Biélorussie, Portugal, Mexique, Brésil et Suisse). 

Comme tu le sais, au SCI, on travaille aussi beaucoup sur la manière d’enrichir le travail de terrain grâce à nos recherches. Peux-tu donc nous dire de quelle manière tu envisages les synergies entre tes travaux et des recherches plus appliquées ? 

Mes recherches théoriques pourraient donner lieu à des collaborations et délivrables pour la recherche appliquée en développant de la recherche plus empirique via, par exemple, des discussions avec des associations et décideurs politiques aux niveaux local et régional sur des sujets spécifiques pour accélérer le développement urbain durable, dans notre cas : en Wallonie.
 
On pourrait également envisager de développer des manuels, dans un langage plus accessible, reprenant les lignes directrices pour, d’une part, développer une politique publique de développement urbain durable et, d’autre part, favoriser l’implication des différents acteurs dans le processus d’élaboration. D’autres activités pourraient aussi être organisées pour promouvoir les résultats de ces recherches, par exemple : des présentations, des workshops, des programmes de formation, etc. 

Pour conclure : comment envisages-tu les années à venir en matière de recherche ?

Globalement, j’aimerais que la recherche dans le domaine de l’Administration et des Politiques Publiques évolue vers plus de clarté et surtout qu’elle ait plus d’impact sociétal.
 
D’un point de vue plus personnel, j’ai plusieurs objectifs à plus ou moins long terme. Tout d’abord, j’aimerais beaucoup devenir Professeur en politiques publiques. Ensuite, je souhaiterais stimuler les collaborations entre les universités et la société civile afin de connecter un peu plus la recherche académique au terrain. En parallèle, j’ambitionne de créer une université virtuelle afin de former les citoyens aux politiques publiques de manière plus accessible, via une plateforme en ligne. 
Enfin, à plus court terme, je continuerai à développer mes recherches et à les promouvoir via des publications et des conférences internationales.

Une toute dernière question : aurais-tu l’une ou l’autre lecture(s) à conseiller à nos lecteurs pour commencer avec les Smart Cities?

Oui, bien sûr ! 2 articles me viennent assez rapidement à l’esprit. 
 
Le premier est un papier publié par des collègues du Smart City Institute (Dr R. Kummitha & Prof. Dr. N Crutzen) en 2017 sous le titre « How do we understand Smart Cities ? An evolutionary perspective”. L'objectif général de cet article est de comprendre comment les Smart Cities diffèrent dans leurs significations, leurs intentions et leurs « offres ». Une excellente introduction au sujet ! 
 
Le second s’intitule « Understanding ‘smart cities’: Intertwining development drivers with desired outcomes in a multidimensional framework » et traite du concept de Smart City ainsi que ses enjeux et opportunités face aux défis globaux auxquels nos territoires sont confrontés. Ce papier propose un cadre de référence multidimensionnel qui permet d’élargir la compréhension du concept de Smart City au-delà d’une approche purement techno-centrée. 

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