Blog - Concepts à la loupe

Qu'est-ce qu'une Smart City ?

La ville durable et intelligente en 5 questions



Si vous lisez cet article, c’est que vous vous êtes déjà très certainement posé cette question : une Smart City, finalement, c’est quoi ? Si l’on demandait à chacun de nos lecteurs de nous en donner une définition, nul doute que de nombreuses nuances apparaitraient dans leurs réponses !

Smart City Main image large 
Et pour cause : « C’est un exercice d’autant plus difficile qu’il n’existe toujours pas, à l’heure actuelle, de vision ou de définition unanime et officielle de la Smart City, bien que l’on puisse tout de même dégager de grandes tendances » explique le Professeur Nathalie Crutzen, directrice et fondatrice du Smart City Institute.
 
Alors, pour y voir plus clair, notre équipe a décrypté pour vous ce terme et la dynamique qu’il révèle, à travers 5 questions. En passant par son origine et en décortiquant les principaux objectifs qu’elle poursuit ainsi que ses principales caractéristiques, la Smart City n’aura plus de secret pour vous.
 

#1 Quelle est l’origine de la Smart City ?

Pour répondre à cette question, remontons au début des années 2000. Tandis que la Corée du Sud commençait déjà à concrétiser sa vision de la Smart City au début de ce nouveau millénaire avec son projet U-Korea (faisant ainsi office de « précurseur »), c’est toutefois à Bill Clinton, ancien président des États-Unis, que l’on attribue généralement la première mention du terme « Smart City »*. En 2005, il défia le fabricant d'équipements de réseau Cisco d'utiliser son savoir-faire technique pour décongestionner les villes et, ce faisant, réduire les émissions de CO2 et augmenter le bien-être des citoyens.
 
Un challenge rapidement accepté par Cisco mais aussi, dans la foulée, par IBM, un autre géant de l’informatique américain. Tous deux lancèrent de vastes programmes (de plusieurs dizaines de millions de dollars) visant à prouver le potentiel des technologies au profit de villes connectées. 
 
Ainsi, l’informatisation des villes et l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) rythmèrent les débuts de la Smart CIty – privilégiant alors une approche techno-centrée. Une vision qui, aujourd’hui, a bien évolué.
 
* Bien que le concept de "Smart City" ait suscité de l'intérêt dès le début des années 1990.

#2 Quel est l’objectif de la Smart City ?

Depuis lors, de nombreuses villes et communes se sont appropriées le concept de Smart City. Avec un objectif commun en tête : réinventer nos comportements au quotidien, en tant que citoyen (la façon dont nous consommons, produisons, nous déplaçons…), afin, idéalement, d’apporter une réponse durable aux grands défis de notre époque. Parmi eux, l’avènement des nouvelles technologies et la révolution digitale qui en découle, mais pas que ! La Smart City a également pour objectif d’apporter une réponse aux enjeux démographiques actuels (augmentation et vieillissement de la population, urbanisation croissante, …), à des défis sociétaux majeurs tels que l’urgence climatique et les enjeux environnementaux, l’immigration, la pauvreté, ou encore la santé, mais aussi à la concurrence croissante entre les territoires eux-mêmes.

La notion de durabilité apparaît ainsi comme la clé de voûte de la Smart City :
Comment assurer non seulement la durabilité du territoire lui-même (au niveau d'une ville/commune ou plus globalement d’une région), mais également le bien-être et la qualité de vie des citoyens sur le long terme ?

#3 Smart City : 2 approches complémentaires ? 

Pour répondre à cet objectif de durabilité et contribuer à la qualité de vie des citoyens, la dynamique Smart City intègre deux aspects clés essentiels que sont la technologie et l’humain.  

Une ville par et pour les citoyens

Au fil des années, l’image de la Smart City est passée, peu à peu, d’une considération purement numérique (début des années 2000), à une ville qui place l’humain au centre des préoccupations. 
 
La ville est dès lors pensée pour ses citoyens, c’est-à-dire qu’elle est à l’écoute des besoins de ses occupants et répond à des problématiques concrètes, mais aussi par ses citoyens, en les intégrant aux processus de décision et en étant plus ouvertes au dialogue et transparentes.
 
Mais cette image de ville « ouverte » serait toutefois incomplète si elle se limitait uniquement aux citoyens. En effet, une Smart City inclut dans sa démarche l’ensemble des acteurs actifs sur son territoire - qu’il s’agisse d’entités publiques, d’industries, d’entreprises locales et multinationales, de start-ups, d’indépendants, d’universités, de centres de recherche, mais aussi d’ONGs, du monde associatif, ou encore des citoyens. 
 
Ainsi, la Smart City fait place à une société plus inclusive et collaborative. Et pour y parvenir, elle ne manque pas de ressources et met en place de nouveaux mécanismes en faisant appel, lorsque c’est pertinent, aux nouvelles technologies.
 

La technologie comme facilitateur

Bien que l’humain prenne petit à petit une place centrale dans les dynamiques Smart Cities, la technologie reste encore aujourd’hui l’aspect le plus souvent ancré dans les mentalités pour caractériser la Smart City.
 
En effet, il se dégage un consensus selon lequel la Smart City est une ville qui sait/doit pouvoir tirer parti de l’agilité du numérique au nom d’une gestion urbaine plus performante
 
Les nombreuses avancées technologiques de ces 30 dernières années – telles que l’explosion d’internet et des connexions hauts débits, l’usage répandu des technologies GPS ou encore l’avènement des objets connectés, de l’intelligence artificielle, de la réalité virtuelle/augmentée – ont non seulement révolutionné et modifié le rapport que le citoyen entretient avec son environnement, mais ont aussi permis le déploiement de nouveaux services innovants lui étant destinés.
 
S’il est indéniable que le numérique joue aujourd’hui un rôle clé dans la transition durable de nos territoires, il convient néanmoins de nuancer : faire appel à la technologie oui, mais à condition qu’elle contribue effectivement à une gestion urbaine plus performante, et ce de manière réfléchie. C’est pourquoi la Smart City fait appel aux technologies pour atteindre ses objectifs de durabilité
 
Il ne s’agit donc pas de considérer ces solutions technologiques comme une finalité (c’est-à-dire « faire de la technologie pour de la technologie »), mais plutôt de voir en elles un véritable atout pour développer des villes où il fait bon vivre, pour créer du lien et améliorer l’inclusion sociale. Finalement, c’est ça aussi, être « Smart » : utiliser les nouvelles technologies à bon escient, et de manière éclairée et responsable.
 

#4 La Smart City : juste une histoire de villes ?

Et si tout était question de sémantique …

Historiquement, il est vrai que l’émergence de la Smart City est due à la combinaison de deux grandes évolutions : l’explosion des TIC, mais aussi l’urbanisation croissante de ce début de siècle. Depuis ses débuts, la Smart City a donc toujours été associée, assez logiquement, au paysage urbain et aux grandes villes ou métropoles. 
 
Cette vision est toutefois jugée trop restrictive par de nombreux experts. Comme nous l’expliquons au Smart City Institute à travers notre vision de la Smart City  : « d’autres appellations sont apparues au cours de cette dernière décennie, avec pour vocation de dépasser certaines « barrières » territoriales. Par exemple, en Belgique (et encore plus en Wallonie), on constate que le terme Smart City est souvent assimilé au paysage urbain, et qu’il n’est, par conséquent, pas toujours en phase avec les réalités territoriales de nos communes (sachant que près de 50% des communes wallonnes se trouvent en milieu rural). D’autre part, les activités d’une commune ne s’arrêtent pas seulement à sa frontière administrative, puisqu’elle est amenée à interagir avec les entités voisines. Pour correspondre davantage à ces réalités, des nouvelles notions apparaissent. On parle alors de Smart Ruralité, Smart Village, Smart Territories, ou encore Smart Region. »
 
La dynamique Smart City n’est donc pas qu’une affaire de villes : elle constitue une formidable opportunité pour tous nos territoires de tendre vers plus de durabilité et une meilleure qualité de vie, peu importe leur taille ou leur degré d’urbanisation, et ce à tous les niveaux (que ce soit à l’échelle de quartiers, de communes, de provinces, de régions ou même à l’échelle nationale).
 
La vision du Smart City Institute

Afin d’outrepasser ces problèmes d’appellations, il peut donc être intéressant de parler de territoire durable et intelligent. Celle-ci permet de combattre l’idée reçue selon laquelle cette dynamique est exclusivement réservée aux villes.

 
Cette confusion est d’ailleurs avant tout due à une question de sémantique. De nombreuses appellations gravitent autour de la Smart City et chacun y va de sa propre interprétation : ville connectée, ville verte, ville digitale, ville sensible, ville durable, … Ce qui nous amène à la question suivante. 
 

#5 Y a-t-il un modèle Smart City standard universel ?

Commençons par une observation qui ne vous aura sans doute pas échappé : il est généralement question, dans les discussions ou dans la littérature, de « La » Smart City. Cela pourrait donc laisser sous-entendre qu’un seul et unique modèle prévaudrait.
 
Or, dès ses débuts, le concept de Smart City s’est concrétisé sous différentes formes et programmes, donnant lieu à de multiples interprétations en fonction de leur localisation.  Et pour cause : une ville est singulière de par la configuration de son territoire, son histoire, ses habitants, sa culture, ses ambitions. 
 
Chaque projet Smart City est par conséquent différent, puisqu’il répond à des ambitions d’aménagement et de développement territorial propre au territoire sur lequel il porte. Il serait donc illusoire de penser qu’une sorte de « Smart City clé sur porte » existe, et qu’elle pourrait être dupliquée indéfiniment, quel que soit l’endroit.
Singapour, Helsinki, Barcelone, New-York, Amsterdam … A chaque ville ou métropole de ce monde son modèle Smart City ! 
Plutôt que de la considérer comme une solution « prête à l’emploi », la Smart City est à envisager comme un idéal vers lequel tendre, un « leitmotiv » pour guider les politiques territoriales vers plus de durabilité, dans une logique d’amélioration continue et de résilience.
 
 

En conclusion: que retenir de la Smart City? 

En bref 

Une Smart City

c'est :

  • un écosystème de parties prenantes
  • engagé dans un processus de transition durable et d’amélioration de la qualité de vie
  • sur un territoire donné (urbain ou non)
  • qui fait appel aux technologies numériques pour mener à bien les actions qui y sont liées.

On vous explique tout en vidéo
Bien plus qu’un effet de mode qui impliquerait des discours ou slogans politiques sans fond, la Smart City s’inscrit dans son temps comme une réponse pertinente et durable aux enjeux actuels, tout en s’adaptant et tirant parti des dernières innovations disponibles. 
 
La dynamique Smart City reflète la volonté de nos territoires de traiter des enjeux profonds, avec une vision large et sur le long terme, mais également fédératrice. Qu’elle soit perçue comme un concept inspirant ou effrayant, la Smart City a de nombreuses solutions à offrir !
 
Et maintenant, à vous de vous positionner ! Après avoir fait le point sur ces 5 grandes questions, comment définiriez-vous la Smart City ?

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